Nos différences auraient pu nous séparer mais ça n'avait pas été le cas. Au contraire. Depuis que je dansais avec lui, je sentais à quel point nous étions compatibles... bien plus que je ne l'avais jamais été avec son fils.

Etienne était un homme dans la quarantaine. Il avait eu Sébastien très tôt, et je voyais nettement les ressemblances entre eux, maintenant que mon visage était à quelques centimètres de celui de ce type rustre et puissant, qui avait failli devenir mon beau père.

Mais je ne le reverrais jamais après ces vacances. C'était la dernière fois que je fréquentais la famille de Sébastien. La veille, il m'avait appris qu'il n'y avait plus rien entre nous. Ce bal de village, c'était la conclusion d'un été merveilleux, qui se terminait en queue de poisson ; et je retournerais à la fac seule, abandonnée et trahie.

J'avais envie de profiter, mais la rage grondait en moi. Accepter cet échec ? Jamais, ce n'était pas dans mon caractère. Et en attendant de trouver quoi faire, je dansais avec Etienne tandis que sa femme buvait au bar. Elle m'ignorait un peu, depuis le début de l'été. Comme si elle savait que son fils ne comptait pas me garder dans sa vie.

Il le lui avait peut être confié avant mon arrivée. Si c'était le cas, j'étais furieuse envers elle aussi. Le laisser se moquer de moi comme ça, ce n'était pas digne de la complicité féminine que j'aurais attendue de la part de la mère d'un petit ami.

Enfin, ce n'était pas avec eux que j'avais passé l'été ; c'était surtout avec Etienne et ses amis, sur le lac à pêcher, sous les arbres à visiter les anciennes ruines, bref, un moment de pure relaxation où le bruit de la ville avait disparu au loin, oublié comme un rêve absurde.

Au début, j'avais craint de ne pas m'entendre avec cet homme. De la façon dont Sébastien m'en parlait à la fac, j'avais imaginé que ce serait le pire beau-père possible. Aucune culture, aucun savoir vivre, clairement son maçon de père lui faisait honte. Mon copain se prenait pour un intellectuel et le seul vrai cerveau de sa famille. Quand j'avais accepté l'invitation de ses parents à passer l'été chez eux, il m'avait regardée presque avec déception.

Moi aussi, j'étais déçue. J'avais cru me mettre en couple avec un garçon intelligent. Le mépris qu'il avait pour tous ceux qui ne lui ressemblaient pas, ce n'était pas une preuve d'intelligence. Mais j'avais essayé de lui donner sa chance... moi. J'avais fait mon possible pour que ce couple tienne le coup. Quelle idiote. J'aurais mieux fait de le plaquer dès les premiers indices. Evidemment que, s'il arrivait à dédaigner sa propre famille, il me dédaignerait aussi, tôt ou tard. Personne n'avait sa place dans le coeur froid de Sébastien, à part Sébastien lui-même.

Etienne lui ressemblait physiquement, en plus épais, plus musclé, plus posé aussi, bien sûr. Mais au niveau du mental, c'était tout le contraire. Le père de famille était un vrai épicurien. Il ne cherchait pas à réfléchir outre mesure. Quand il avait envie de faire quelque chose, il le faisait, tout simplement, et ses envies étaient aussi simples que sa vie, ce qui lui évitait de se torturer pour des objectifs inaccessibles.

Je devais avouer que c'était rafraîchissant, et un peu sauvage, au sens excitant du terme. Plus je me détachais de Sébastien, et plus j'avais secrètement espéré qu'Etienne allait me présenter un ami à lui qui aurait mon âge et qui serait célibataire. Mais non, c'était un groupe de quarantenaires mariés ; et même si ils appréciaient visiblement ma présence, comme celle d'une petite mascotte amusante qui réveillait leurs imaginations, aucun ne tenterait rien envers moi. Tant mieux : les histoires sans lendemain, ce n'était pas mon style.

En fait, Etienne m'avait un peu taquinée au début. Il me voyait comme une petite intello et je le voyais comme un rustre ; le résultat des discours de Sébastien à notre sujet. Nous avions mis de l'eau dans notre vin tous les deux, et nous nous étions rapprochés, jusqu'à ce bal où j'avais accepté de faire un tour de piste avec lui.

J'avais longtemps détesté la danse. Ma mère m'y avait inscrite au collège alors que je rêvais de faire de la boxe. Nous avions trouvé un compromis : je ferais les deux. Je me devais d'être "bien élevée", d'après elle. C'est ça. Les bonnes manières, c'est à dire mettre en valeur mon corps de gamine lors d'un tango en robe bien trop révélatrice, sur la scène d'un spectacle où elle m'avait envoyée en pâture devant un jury de vieux pervers...

Je n'y étais même pas allée. J'étais allée chez une amie regarder un match de boxe en mangeant des chips, et j'avais passé une soirée fantastique.

Et maintenant, voilà que ces vieux enseignements ringards m'étaient enfin utiles... et Etienne n'avait rien d'un vieux pervers, j'aurais plutôt dit un partenaire mature et très séduisant. Il faut croire que j'avais bien changé. J'étais adulte, surtout, et l'intérêt qu'un homme me portait ne me mettait plus mal à l'aise. Au contraire.

J'avais l'impression que le temps n'existait plus, qu'il s'était arrêté pour me laisser profiter de cette glissade sans effort qui nous entraînait dans ses tourbillons, comme si la piste était une patinoire et nous, deux fées de l'hiver...

L'effort cependant était réel, il mettait le rose à mes joues et le brillant dans mes yeux, et il avait défait mes cheveux. J'aimais cette coupe, un petit carré de cheveux noirs qui accrochaient la lumière  fauve des lampions, une teinture impeccable qui mettait en valeur mes yeux bleus. Ils ne prenaient pas cet air sauvage qu'avaient parfois les autres femmes en se secouant sur la piste. Au contraire, ils tombaient parfaitement pour souligner les contours de mon visage.

Etienne était perdu dans mon regard. Il m'avait complimentée plus d'une fois sur mon physique, si naturellement qu'aucun de nous deux n'en avait éprouvé de gêne. Le petit sourire en coin que j'avais parfois, ça c'est une chose qui lui plaisait. Et il en caressa soudain la fossette du bout du doigt.

C'est alors que l'idée me vint. J'allais le faire. J'allais ME le faire. Etienne allait me sauter, il ne faudrait pas grand-chose pour lui mettre cette idée en tête. Et je m'arrangerais pour que toute cette stupide famille le sache. Tout le village, si je pouvais.

Qu'est-ce que ça pouvait me faire ? Je ne reviendrais jamais ici de toute façon.

L'orchestre qui jouait avait des accents latins et tropicaux, et une bachata dominicaine vint le confirmer de sa mélodie sensuelle. J'observai rapidement les environs. Juste à côté de la place, il y avait une petite église avec un cimetière et un parc arboré, pas du tout éclairé à cette heure de la nuit, qui donnait sur le parking. L'endroit idéal pour une escapade sexy, mais aussi pour se faire pincer et déclencher le scandale.

"On va faire un tour après celle-là ?"

"Dis donc, coquine... Quelle sorte de tour ?"

Ma robe était tout juste assez courte pour prendre une position ultra provocatrice, chacun une jambe entre celles de l'autre, nos bassins roulant sans équivoque pour chauffer nos parties au contact direct de nos corps embrasés. Il bandait. Il me le faisait sentir avec une insistance impérieuse. Il savait que son fils m'avait larguée, il était dans la cuisine pendant que nous avions eu cette discussion houleuse, et même si il ne s'en était pas mêlé, il avait évidemment tout entendu. J'attirai sa main qui maintenait mon dos, pour la placer directement sur mes fesses.

"Un tour de cochons," répondis-je avec un sourire espiègle.

Je n'ai jamais été une pro de la drague, je laisse les choses se faire : mon aura et mon charme m'ont généralement suffi à piéger mes proies dans mes filets. Je ne compte plus le nombre d'hommes et de femmes qui m'ont abordée depuis que je suis entrée à la fac. Intrigués, envoûtés par ma prestance, captivés par mon regard enjôleur. Sébastien était l'un d'entre eux. Je ne suis pas adepte de faire le premier pas mais je sais faire comprendre quand une personne me plaît, et il me plaisait quand il ne parlait pas encore..

Mon sourire en coin se fait carrément charmeur, ma tête s'incline légèrement sur le côté, je joue avec une mèche ondulée de ma chevelure. J'envoie tous les signaux physiques qui peuvent lui confirmer ce dont j'ai envie. Tout le monde n'a pas toujours été réceptif, certes ; le langage corporel est parfois un peu trop abstrait ; mais la nature animale d'Etienne déchiffre mes signes sans difficulté. Il n'a pas besoin de sous-entendus pour sentir que je suis très excitée et que j'ai une revanche à prendre... et que ça n'attendra pas.

Ses doigts glissant sur ma joue et mon fessier m'électrisent, sans aucune délicatesse. Je suis tactile mais je préfère recevoir que donner, je me mordille la lèvre inférieure pour l'encourager à continuer. Je ne peux plus me cacher, je suis sous son emprise. Si je pouvais l'inciter à me prendre là, devant tout le monde...

Après mes cheveux, ma robe aurait bien besoin d’être perturbée. Surtout au niveau de mon buste. Ma poitrine commence à s’y sentir à l’étroit. Je rêve qu'il m'arrache ma robe sauvagement au milieu de l'espace public, pour me retourner et me fourrer sa grosse queue virile, là, sous les yeux de la foule. Tant pis pour le prix de cette robe que Sébastien m'a offerte, à l'époque où il en était encore à la phase de séduction. Tant pis pour l'image que cette fougue bestiale donnerait de moi.

Non, il se contente de décliner la danse suivante et de s'écarter de la place, sans même vérifier si je le suis. Je laisse passer quelques instants avant de me diriger dans la même direction, pour que nous n'ayons pas trop l'air de partir ensemble... mais qu'un observateur attentif puisse deviner ce que nous faisons.

Tiens, où est Sébastien ? Il a disparu et je ne sais pas avec qui il est parti. Bah, c'est le cadet de mes soucis en ce moment.

Alors que je contourne une camionnette sur le parking, une main me saisit par le poignet et une autre se plaque sur mes yeux. Je ris : Etienne m'a tendu une embuscade.

Il me ramène contre sa silhouette noire, qui sent bon la sciure de sapin de son lieu de travail et le barbecue de cet après midi. Je sens ses mains se reposer sur mon postérieur, bien réels au toucher, et nous reprenons la danse plus lascivement. Nos corps se frottent, je gémis un peu, envahie d'une ivresse lubrique. Autoritaire, il plaque son bassin contre le mien en me bloquant contre la camionnette. Son pouce s'introduit entre mes lèvres et je le suce avidement en collant mon entrejambe humide contre sa bosse dure.

Je sens remonter sa main sous ma robe, plaquée contre mon flanc qui s'embrase, et terminer sa route sous mon soutien-gorge. Ce contact rugueux contre mon sein, c'est tout ce qu'il me fallait pour me faire passer par dessus bord. Je me déhanche en geignant, tous mes nerfs tourmentés par une petite jouissance qui s'étire dans le temps, sans arriver à son apogée.

Oublié, Sébastien. Je voudrais juste que ce beau mâle me saute, là tout de suite, debout entre une camionnette et un cimetière désert... A quelques pas du bal où toutes ses connaissances passent un bon moment sans se douter de rien.

"Embrassez-moi…", finis-je par souffler sur ses commissures telle une douce brise d’été. Si l’impératif fait penser à un ordre, il n’en est rien. Mon ton est trop suave pour cela. Mon intonation résonne plutôt comme une supplication. Comme un besoin d’être délivrée de ce désir qui me ronge de l’intérieur, et contre lequel je lutte par orgueil.

Ses lèvres se plaquent contre mon cou et y dessinent un suçon brutal. Je geins en me courbant en arrière, éperdue et haletante. Il palpe mon fessier et m'invite d'un geste à me remettre en marche, un doigt presque enfoui entre mes globes bien formés, possessif en diable. Je l'entraîne avec moi, d'un pas plus rapide qu'à mon accoutumée, et contre le mur de l'église, derrière une petite colonnade qui cache à peine nos silhouettes empressées, notre manège recommence.

Mais c'est alors que soudain, la lumière de la lune éclaire son visage.

Je me fige, tétanisée. Ce n'est pas Etienne. C'est un copain à lui, un nommé Roger, un bûcheron avec qui il travaille souvent sur des chantiers. Il me retient encore par le poignet tandis que de l'autre main, il ouvre son pantalon pour en sortir un membre brûlant de désir... Il va me prendre plus fort que je n'ai jamais été prise. Je me suis trompée de cible dans l'obscurité du parking, mais soudain ça n'a plus d'importance.

Je m'offre à lui avec un petit cri impatient, grimpant presque sur son sexe énorme que j'enfouis en moi, tandis qu'il me soulève, les deux mains plaquées sous mes fesses en les écartant avidement. Il me plaque contre le mur dont les pierres s'insèrent dans mon dos, laissant des marques rudes ; mais tout ce que je sens, c'est la trique monstrueuse qui s'affaire dans mon petit trou, en satisfaisant le désir indécent dont j'étais torturée.

Sébastien ne m'avait plus fait l'amour depuis trois semaines. Mais tout est oublié. Je suis déchirée avec délices, et j'enfouis mon visage contre son épaule en retenant mes cris, encore effarée de me faire sauter par un homme avec qui je n'ai pas échangé un mot de toute la soirée. Il me défonce comme une bête, son souffle rauque s'accélère, je sens qu'il y est presque. Je gémis :

"Jouis en moi !"

J'aimerais revenir sur la piste de danse couverte de sperme, et pouvoir dire que tout le village m'est passé dessus. J'ai envie d'humilier Sébastien et sa mère, mais surtout... J'ai envie de me faire prendre encore et encore, comme une chienne. Ça me fait un bien fou...

"Alors, Sophie ? On s'amuse bien ?" lance une voix amusée.

Etienne.

Je le vois approcher, sortant de l'ombre. Il se plaque contre moi tandis que son copain continue à me baiser de toutes ses forces, et m'embrasse avec une avidité terrifiante. Je me retrouve coincée entre les deux hommes, et j'entends le son caractéristique d'Etienne qui descend sa braguette. Sa verge jaillit hors de son pantalon et se plaque contre ma cuisse, chaude et dure...

Oh mon Dieu ! Qu'est-ce qui se passe ? On dirait que je vais en avoir plus que je n'ai souhaité. Les deux hommes sont donc complices ?

Je retombe à terre quand Roger me pose au sol, et se retire longuement, trempé de mon plaisir qui ruisselle sur ses parties. Sa trique se tend sous la lune qui la fait luire, redoutable de volume et de longueur, une vraie matraque. Etienne me presse sur la nuque pour me pencher en avant, et Roger me fourre son gland énorme entre les lèvres. J'ouvre grand la bouche, encore incrédule. Il commence à me limer la bouche, et pendant ce temps là, je sens une main puissante qui m'écarte les cuisses... Mon sexe délicieusement malmené et brûlant est soudain pénétré par deux doigts énormes, qui me masturbent rapidement.

Je ferme les yeux en me laissant secouer d'avant en arrière, je suce Roger jusqu'à la jouissance et alors que je l'ai encore en bouche, occupée à avaler son sperme, un autre sexe s'enfonce dans le mien, de plus en plus profondément.

Ah ! Ça y est, cette fois c'est mon ex beau père qui me pénètre... Non, car je l'entends ricaner à côté de moi. Encore un autre ? Je me rends compte, alors que je commence à me faire prendre sauvagement par un nouveau partenaire déchaîné, qu'il y a des silhouettes masculines tout autour de moi. Tout le groupe de quarantenaires s'est rassemblé, pour ce qui ressemble à une petite fête d'adieu...

Du coin de l'oeil, j'aperçois des bites raides serrées dans des mains noueuses, prêtes à l'emploi. Je les entends échanger des blagues salaces. Mon corps est possédé et ravagé en tous sens, et je me retrouve finalement prise entre trois amants haletants, qui activent leurs bassins musclés comme trois loups en chaleur. Leurs longues queues tendues me défoncent tous les trous à la fois, et je ne sais plus où donner de la tête. J'en ai presque le vertige...

C'est alors qu'Etienne commence à me toucher.

Je chavire. Ses mains sur mes seins sont la goutte qui fait déborder le vase. Littéralement. Je jouis en me tortillant, mes cris étouffés par la grosse érection qui se plante dans ma gorge comme un bâillon de chair. Un flot de semence me fait taire, et je me laisse aller au rythme du cuir tanné qui claque contre mon fessier, de plus en plus rapidement. Je perds la tête... je suis presque évanouie, quand Etienne repousse les derniers fêtards et regarde mon corps rouler à terre.

Il se tient au dessus de moi, le regard impérieux, posé sur mon corps dénudé et souillé. Et alors que j'essaie de dire quelque chose, je le vois s'abaisser vers moi. Il se couche sur moi, son poids m'écrase, sa main relève une de mes cuisses. La forme chaude et dure de son sexe vient se planter droit dans ma chatte pulsante. Je le sens qui se met en mouvement, profitant de mes chairs lubrifiées par le sperme des autres pour me besogner avec sauvagerie. Ses grondements contre mon cou me rendent folle, et je murmure, à peine consciente :

"Oui, encore... plus..."

Un rire lui échappe, il me retourne et redresse un peu mon fessier pour m'agripper les hanches solidement. Ses pénétrations me transpercent et je pousse des râles indécents. Tout le village doit nous entendre... Je suis comme une poupée de chiffons, vautrée sans forces contre la terre battue, sale et décoiffée, le maquillage étalé sur mon visage, mes habits en lambeaux. Et il me saute comme un guerrier furieux qui appose sa marque sur son nouveau territoire.

Brusquement, je sens que ça vient à nouveau. Je me redresse fébrilement à quatre pattes tandis qu'il se déchaîne, agenouillé derrière moi, tous ses muscles durcis comme un étalon qui insémine sa jument. Je me caresse le clitoris de plus en plus vite et soudain, mon dos se cambre, mon orgasme éclate contre le sien et le sperme déborde hors de ma fente embrasée, alors que son énorme sexe se gonfle à chaque délivrance.

Il rugit aussi fort que je gémis. Les autres autour  de nous battent des mains et lancent une ovation sauvage. J'ai l'impression d'être l'unique femelle de toute une meute barbare à la saison des amours, et je m'abandonne totalement, fermant les yeux, indifférente à ce qui peut encore m'arriver.

Le lendemain, je me réveille dans la chambre de Sébastien, où j'ai passé tout mon séjour : le soleil entre à flot par la fenêtre, et tout a l'air normal.

Est-ce que j'ai rêvé ?

Je me redresse et je sens qu'en tout cas, les courbatures sont bien réelles. Non, je n'ai pas dû rêver, mais je suis parfaitement propre... On dirait que j'ai été lavée à mon retour, mais par qui ? Pas de Sébastien en vue, et puis je le vois mal se donner autant de peine, surtout dans ces circonstances. Je me relève avec hésitation... je suis encore entièrement nue.

A la pensée d'Etienne qui me donne mon bain sans me réveiller, en me ramenant à la maison dans ses bras après un moment de pareil déchaînement, je rougis et je me sens toute chose... J'allais quitter cet endroit en y laissant bien des mystères.

Je descends l'escalier en tendant l'oreille, mais la maison est vide. Curieuse, je m'aventure dans la cuisine pour prendre un petit déjeuner. Je suis affamée. C'est alors que j'ai l'explication du mystère : ils ne sont pas partis suite à un drame, une engueulade monstrueuse après que nos ébats de la veille aient été révélés... non, c'est simplement une famille qui ne se parle pas, et qui ne se fréquente que lorsque c'est absolument nécessaire. Une famille qui n'a de famille que le nom, plutôt un groupe de colocataires.

La mère de Sébastien a laissé un mot sur la table.

"Sophie,

Je serai à la foire toute la journée. Mange avec Etienne ce soir, ne m'attendez pas. Sébastien passe quelques jours chez une amie qu'il n'avait pas vue depuis longtemps. Si tu t'en vas avant qu'il revienne, il te souhaite une bonne continuation."

Eh bien... C'est la confirmation de rupture la plus froide que j'aie jamais connue. Décidément, j'ai bien fait de prendre ma décision hier. Au moins j'ai passé une nuit torride, et je n'aurai pas de regrets en quittant la région. Mais ça ne m'étonne pas de ce lâche. Il a pris la fuite pour ne plus me croiser, maintenant qu'il m'a bien dit qu'il ne voudrait plus de moi...

Je ne sais vraiment pas ce que j'ai pu trouver à ce type, mais une chose est claire : c'est bien fini.

J'entends alors la voiture d'Etienne qui se gare devant la maison. Tout mon corps frémit, comme si j'avais senti un choc électrique me parcourir à cette seule pensée. Je vais devoir rester seule dans la maison, en sa présence ? Comment on va faire pour se contrôler, maintenant qu'on sait tous les deux quelles envies nous habitent, et de quoi on est capables ?

On ne va rien contrôler du tout, je le pressens déjà...

J'accours pour lui ouvrir la porte, entièrement nue. Je me fiche qu'on me voie. Si il est accompagné par un de ses amis, après tout, il peut l'inviter... Mais non, il est seul, et il affiche un regard carnassier quand il me voit plantée au milieu du couloir, entièrement dévoilée et disponible, les yeux fixés sur sa silhouette musculeuse.

"Bonjour, Etienne. Bien dormi ?"

"Pas mal. Et toi ?"

"Comme un ange," dis-je en me mordillant le bout des doigts, amusée de jouer l'ingénue alors que... nous savons tous les deux qu'il n'en est rien. J'ai du mal à chasser de mon esprit le souvenirs de nos cris éperdus, qui ont résonné à tous les échos du cimetière...

En refermant la porte de la maison derrière lui, l'homme manifeste sa curiosité.

"De quoi tu as l'air, dans une chambre ? Le sale caractère que tu montres avec mon fils ? Ou la partenaire enthousiaste que j'ai vue hier soir ? Je ne sais pas exactement ce que j'espère... il y a de quoi s'amuser dans les deux cas." Je rougis encore plus que tout à l'heure au réveil, et je ne sais pas quoi lui répondre.

"En tout cas tu as l'air d'avoir une libido active, au moins autant que la mienne. D'une façon ou d'une autre, on va passer un moment agréable... et brûlant," dit-il en me saisissant le menton dans sa main.

A peine me suis-je approchée qu'il attaque : il marque son territoire si on peut dire, il montre son autorité, pour me faire comprendre qu'il ne joue plus, qu'il est pafaitement sérieux. Il serre mon poignet et je pourrais essayer de fuir, mais je joue la docilité, je comble le dominateur que j'ai tellement envie de revoir et de sentir en moi, seul cette fois. Il caresse mon corps de sa main libre, distraitement, juste un petit peu, sans me donner plus que nécessaire ; il se contente d'exciter mes sens pour me regarder réagir.

Enfin, il me libère pour me laisser l'usage de mes mains. Alors que ses doigts m'effleurent, je ne me prive pas d'en faire de même. Quand je sens son membre énorme se gonfler sous ma masturbation, une main enfouie dans son pantalon détaché, je sais que je n'ai pas rêvé cette nuit... Il me repousse dans le petit salon derrière moi ; pas le temps de monter dans les chambres.

La grande maison vide autour de nous est comme un écrin qui recueille nos cris. Nous ne retenons rien. Il me prend sur la table, puis sur la banquette en se plaquant contre moi de toutes ses forces, puis sur le tapis, à quatre pattes, comme nous avons fini cette nuit. Je les sens tous autour de moi et en moi, ses amis si rapides à se mêler à ses jeux érotiques... Je jouis comme si une demi douzaine d'hommes me faisaient l'amour à la fois.

Mais quand nous terminons sous une douche sensuelle et relaxante, en un long massage qui nous unit et nous fait sourire comme deux idiots, il n'y a que nous deux, seuls et libres, l'homme mûr et la jeune femme pleine de vie, épuisés de bonheur et de satiété érotique. Je repose ma tête contre son torse et je joue avec sa pilosité sombre.

"C'étaient des vacances fantastiques," dis-je à voix basse, sans savoir si je veux vraiment qu'il m'entende. Je m'étais promis de ne rien dire ou faire de trop sentimental...

"On recommence quand tu veux," dit-il avec un sourire. "Cet hiver, avec les gars, on pensait louer un chalet dans la montagne. Loin de nos femmes et de nos boulots... ça te dirait de venir avec nous ?"

Il est aussi naturel que lorsqu'il me propose un tour en barque sur le lac. Je me mordille la lèvre. Je sais exactement de quel genre de séjour torride il me parle... mais je dois dire que c'est terriblement tentant.

"On verra comment vont les études," dis-je pour me laisser un peu de répit émotionnel. "Les vacances d'hiver, c'est le moment des révisions, pour les partiels de la mi-année. Je ne pourrai pas forcément me libérer..."

"Tu peux toujours te libérer," chuchote sa voix chaude et grave tandis qu'il plaque son corps contre le mien. Et je sais déjà qu'il a raison.

Six mois plus tard, je fais mes bagages.

De quoi est-ce que j'aurai besoin ? Des vêtements ? Je n'en suis même pas sûre. Je peux déjà m'imaginer une peau d'ours étendue devant une cheminée où brûle un grand feu. Je peux déjà sentir le parfum du vin chaud et des marshmallows fondus. Et les autres activités... J'ai hâte d'y être, j'en suis déjà fébrile.

Ce début d'année scolaire a été tragiquement dénué de toute aventure sentimentale. De toute façon, je savais que j'irais rejoindre ma meute de montagnards, et je n'avais pas envie de promettre la fidélité à un jeune romantique qui ne comprendrait pas.

Je finis par emporter surtout des habits sexy : une nuisette, des bas à motifs, un costume de Saint Valentin en mode playboy bunny... de quoi sortir un peu dans la neige, bien sûr, car nous allons sûrement profiter un peu du paysage entre deux parties de jambe en l'air. Ah ! Je suis tellement heureuse d'y aller ! J'ai complèrement oublié ce loser de Sébastien.

Je suis ravie de voir Etienne à la gare quand je débarque. Je me jette dans ses bras comme si c'était un vieux copain. Notre différence d'âge et d'éducation est complètement oubliée. Je le serre dans mes bras et je respire le parfum de son corps. Il me plaque un baiser sur chaque joue, mais dès que nous sommes dans la voiture, nous échangeons un baiser beaucoup plus affolant... J'ai presque envie qu'il me fasse le coup de la panne, mais d'un autre côté, je suis trop impatiente d'arriver ! Je le presse de rouler plus vite.

Il rit. Il y a beaucoup de neige et il faut faire attention. Mais il comprend mon impatience. Lui aussi, il a hâte d'être avec les autres pour pouvoir démarrer les réjouissances, comme il dit... Nous arrivons enfin en vue du chalet. Il est plus grand que je ne croyais, on va avoir des chambres pour chacun et beaucoup d'espace. C'est un vrai petit gîte d'altitude, perdu au milieu d'une pente sauvage où seuls les sapins et les rochers traversent l'épaisse couverture blanche.

Je vois un hangar à skis devant l'entrée, et je suis toute enthousiasmée à l'idée d'apprendre à skier avec eux. Etienne est tout à fait le genre de personne avec laquelle on a envie de passer son permis ou d'apprendre de nouveaux talents : patient quand il faut, mais surtout plein d'énergie et positif, et puis... on peut trouver des gages sympathiques si je ne réussis pas...

Mon imagination est déjà embrasée, et je serre sa main dans la mienne en le remerciant encore une fois, avant de sortir de la voiture. Aussitôt, le froid mordant vient me piquer les joues. Je cours jusqu'à la porte en trébuchant un peu dans la neige qui s'accroche à mes pieds. Oui, ce sera un séjour sportif, exactement ce dont j'ai besoin !

Etienne n'a rien dit depuis quelques minutes, c'est un peu étrange... Mais je commence à le connaître, et je devine qu'il y a une surprise qui m'attend. Je lui fais confiance. Avec lui, ça ne peut pas être une mauvaise surprise.

Quand j'arrive, je pousse la porte avec une joie sans mélange : je me sens déjà chez moi. Ces murs de rondis qui sentent bon le bois coupé, cette toiture faite pour endurer le poids d'un manteau de neige... Mais alors que je m'avance, pleine d'assurance, en direction de la silhouette qui se chauffe les mains devant un bon feu de cheminée, je sursaute soudain.

L'homme s'est retourné pour me fixer. Et ce n'est pas l'un de ceux que je m'attendais à retrouver ici... C'est Sébastien.

On dirait que ce séjour va être très différent de ce que j'avais imaginé...

 

A suivre...dans le tome 2...disponible sur la page Amazon.fr de Amber Jones !